Avant tout, précisons-le : il ne s’agit pas ici de contester l’exclusion des enfants fiévreux, mais bien d’offrir de l’information pour mieux comprendre ce que la science nous apprend sur la fièvre et la contagion. Chaque milieu a ses réalités, ses valeurs et ses protocoles,  l’objectif de cette chronique est simplement d’éclairer les décisions, pas de les juger. Et soyons clairs : un enfant fiévreux a souvent besoin de repos et de réconfort.

 

Chaque rentrée ramène son lot de rhumes, de toux et de fièvres dans les services de garde. Et chaque automne, le même débat revient : faut-il exclure un enfant fiévreux pour protéger les autres?

La réponse étonne souvent : l’exclusion d’un enfant fiévreux n’a pas d’impact significatif sur la propagation des infections.
La raison est simple : la fièvre n’est pas la contagion et la période de contagion va au-delà de la phase des symptômes.


La fièvre : un signe, un symptôme

La fièvre est une réponse naturelle du corps. Elle signale qu’il combat quelque chose, souvent une infection.

Un enfant peut être contagieux avant, pendant et après avoir fait de la fièvre. C’est le cas de plusieurs infections respiratoires telles que le rhume et la grippe, des infections contagieuses environ 48 heures avant le début des symptômes, pendant les symptômes et même plusieurs jours après la disparition des symptômes!


Une illusion née de la pandémie

Cette croyance selon laquelle tout enfant fiévreux doit être immédiatement exclu et est ultra contagieux vient en grande partie de la période de pandémie de COVID-19.

À cette époque, il fallait appliquer un principe de précaution extrême : exclure rapidement tout enfant fiévreux et symptomatique pour freiner la transmission d’un virus nouveau, inconnu et mortel, le SARS-CoV-2. C’était logique et justifié dans un contexte pandémique.

Mais aujourd’hui, transposer ces réflexes à toutes les situations crée une illusion de contrôle : on croit réduire les infections, alors que les microbes circulent déjà avant l’apparition de la fièvre et circuleront également après.


Ce qui arrête VRAIMENT la contagion

Les études démontrent que les mesures d’hygiène de base ont un impact bien plus important que l’exclusion systématique.

Les gestes qui font vraiment la différence sont : le lavage des mains, la désinfection régulière et l’hygiène respiratoire.


L’exclusion, un outil à utiliser avec discernement

Exclure un enfant malade doit être une mesure pour le bien-être de l’enfant d’abord et non votre premier réflexe en prévention des infections.

L’absence d’un enfant fiévreux au service de garde ne protégera pas nécessairement les autres enfants du groupe d’une contagion. Souvent, les autres sont déjà exposés avant même l’apparition des symptômes ou ils le seront à son retour!


Le message à retenir

L’exclusion ne doit pas être automatique, mais fondée sur des critères spécifiques : l’état général de l’enfant, sa tolérance aux activités et la capacité du milieu à assurer son confort et sa sécurité. Chaque situation mérite d’être évaluée avec nuance.

Le perfectionnement professionnel des éducatrices et RSGE passe aussi par-là : comprendre ce que la fièvre veut dire, et ce qu’elle ne veut pas dire. Parce qu’exclure un enfant fiévreux ne réduit pas toujours la contagion, c’est l’hygiène qui fait la vraie différence.

L’exclusion systématique est un héritage de la pandémie — une illusion de sécurité qui ne remplace jamais les bons gestes d’hygiène.  

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NATHALIE THIBAULT